Récapitulatif – Birmanie

La Birmanie n’était pas au programme de notre tour du monde. Mais à chaque nouvelle étape de voyage, nous trouvions toujours une personne pour s’étonner de son absence dans notre itinéraire.

Il ne nous a pas fallu longtemps avant de craquer et de prendre un aller-retour depuis Hanoi pour passer deux semaines au pays des milles pagodes. Et on peut vous dire qu’on ne l’a pas regretté : la Birmanie était le pays parfait pour conclure ces mois de voyage en Asie, et sans conteste l’un des plus beaux du continent. Récapitulatif d’un coup de cœur !

  • La question du tourisme en Birmanie :

Au vu de la présence encore très importante des militaires dans le pays, beaucoup de voyageurs se posent la question de la sécurité avant de se rendre en Birmanie. De ce que nous en avons vécu, on ne risque pas grand chose en tant qu’occidental, à condition cependant de ne pas sortir des sentiers battus et de ne pas s’aventurer dans les zones à risque, en particulier dans la région du Kachin au nord et dans l’état Karen à la frontière de la Thaïlande.

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Carte disponible sur le site du Ministère des Affaires Etrangères

Le seul point noir reste que la majorité de l’argent généré par le tourisme est directement récupérée par la junte. Soit que cette-dernière détienne les organismes de tourismes (hôtels, agences, etc.) qui engrangent les fonds, soit qu’elle opère un racket presque systématique sur les structures privées. Par ailleurs, les ONGs dénoncent beaucoup de débordements directement liés à l’arrivée du tourisme de masse : déplacement des populations, travail forcé, mais aussi dégradation des sites culturels comme Bagan (le View Point construit en 2006 est une des raisons pour laquelle le site n’a pas été inscrit au patrimoine mondial de l’humanité).

Si vous voulez pratiquer du tourisme « responsable », quelques règles de bases sont à respecter : éviter les hôtels et agences dits « gouvernementaux », ne pas donner de l’argent ou acheter les souvenirs des mendiants dans la rue, en particulier les enfants (ils font, la plupart du temps, partie de réseaux d’exploitation), se tenir loin des dernières innovations du gouvernement – tels que les View Point – qui commencent à fleurir un peu partout et dont l’entrée payante sert à alimenter les caisses de la junte.

Pour en savoir plus sur le contexte politique birman, lisez notre série d’articles « La Birmanie sur la voie de la démocratie », (1), (2) et (3).

  • Coup de cœur :

Un trek de 3 jours de Kalaw au Lac Inle : Nous avons passé trois jours à sillonner la campagne birmane pour rejoindre le lac Inle. On avait déjà fait des randonnées en Chine ou au Népal, mais aucune n’avait été si authentique que celle-ci. Perdus au milieu de nul part, croisant seulement les agriculteurs dans leurs champs et dormant chez eux le soir, c’est sans aucun doute le meilleur moyen de découvrir la Birmanie profonde. Notre meilleur souvenir de la Birmanie, et sans doute l’un de nos meilleurs souvenirs de voyage tout court !

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  • Bonnes surprises :

La gentillesse des birmans : Les birmans sont fidèles à leur réputation de peuple le plus accueillant du monde. Toujours souriants, ils sont surtout avides de rencontres et essayent souvent de rentrer en contact avec les touristes. On a ainsi pu partager plusieurs collations avec des habitants, heureux de nous offrir une bière, des cacahuètes chaudes (c’est ainsi qu’ils les mangent), un thé ou encore des pâtisseries locales. On a surtout adoré les prendre en photos! Retrouvez notre série de portraits en cliquant ici.

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La sûreté du pays : Cela avait un petit air de l’Inde quand nous avons parcouru les rues autour de notre hôtel à Yangoon le premier soir. On se tenait donc un peu sur nos gardes, le souvenir des arnaques auxquelles nous avons échappées au Rajasthan, encore frais dans nos têtes. Mais on a très vite compris que, si les atmosphères se ressemblent, la question de la sécurité n’était pas du tout la même. La Birmanie est en effet l’un des pays les plus sûrs dans lequel nous ayons mis les pieds pour l’instant. Pas besoin donc de porter une attention démesurée à ses objets personnels, ni de s’inquiéter des retours nocturnes un peu tardifs.

La place de l’enfant : Au vu du projet qui anime notre voyage, nous avons toujours un œil attentif sur la problématique de l’enfance dans les pays que nous traversons. Evidemment chaque étape a ses problèmes spécifiques et il est rare qu’il n’y ait pas d’ombre au tableau, mais nous avons néanmoins été agréablement surpris par la place importante accordée à l’enfance en Birmanie. Le divorce est notamment impensable à partir du moment où le couple a un enfant. Nous avons d’ailleurs souvent vu les petits accrochés à leurs parents, et en particulier à leurs pères. Un comportement plutôt rare, surtout dans un pays relativement pauvre où l’enfant peut très vite être considéré comme un fardeau, une bouche de plus à nourrir.

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  • Expériences inédites :

Prendre le train de nuit pour 15 heures de trajet : Indiana Jones n’aurait pas fait mieux. Imaginez des vieux wagons rouillés brinquebalant sur près de 600 kilomètres de long, pour relier Yangoon à Mandalay. Nuit blanche assurée il faut dire qu’on a bien rigolé !

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Se faire couper les cheveux sur un marché birman : C’est du Antoine tout craché bien évidemment. Tester la mode locale plutôt que de se rendre dans un salon faussement occidentalisé dans une grosse ville. Heureusement, les cheveux, ça repousse !

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  • Expériences culinaires à recommander :

Pas de coup de cœur culinaire en Birmanie. La nourriture est en majorité inspirée des pays alentours, indienne ou thaïlandaise.

En revanche, on recommande chaudement de tester la street food. On a en effet souvent mieux mangé dans les petits marchés de rue que dans les restaurants aux devantures les plus chics. Et en plus, bonne surprise à la clé : les thermos de thé vert gratuits et en version illimitée à toutes les tables !

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  • Ce qu’on gardera :

Faire attention à la qualité des billets de banque : C’est bien la seule chose qui a pu profondément nous énerver pendant ces deux semaines de voyage : se faire systématiquement refuser des billets lorsqu’ils étaient abimés. Une petite déchirure, un trait de stylo, et on nous les rendait immédiatement. Nous nous sommes ainsi retrouvés avec un billet de 50$ et un autre de 20$ inutilisables pendant tout notre séjour. Heureusement, les vietnamiens sont moins regardants, et on a bien vite pu se venger dès notre retour à Hanoi. Néanmoins, on fait maintenant plus attention à la qualité des billets qu’on nous rend, histoire de ne pas réitérer l’expérience.

Avoir du liquide en quantité suffisante sur soi : Nous nous sommes fait une grosse frayeur à Bagan. Bien que ce soit l’un des spots les plus populaires du pays, les ATM y sont très capricieux. Après 12 heures de bateau depuis Mandalay, portefeuille vide et ventre creux, nous avons bien crû que nous devrions nous passer d’un diner et d’une chambre d’hôtel ce soir là. Heureusement on a fini par trouver un distributeur en service. N’empêche que…on ne nous y reprendra plus !

  • Les spécificités birmanes qui nous ont étonnés :

Le Thanaka : C’est le produit de beauté par excellence des birmans. Hommes comme femmes, enfants comme adultes, s’en appliquent sur le visage au quotidien. La pâte blanche s’obtient à partir de l’écorce de Thanaka, un arbre dont les forets du pays sont peuplées, et qu’on vend sous forme de petites bûchettes dans tous les marchés locaux.

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Naturellement parfumée et rafraichissante, la mixture sert de protection contre le soleil, la transpiration, mais joue aussi un rôle antiseptique. Généralement les birmans se l’appliquent sur toute la surface du visage, ou alors en généreux ronds blancs sur les joues et le front. Mais les femmes se plaisent à lui donner des formes plus sophistiquées : feuilles, fleurs ou encore tortues. On a testé pour vous ! Antoine était un peu réticent, mais la pâte s’est finalement révélée assez efficace, en particulier contre les coups de soleil.

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Les jupes birmanes : Cela nous a frappé dès la descente de l’avion à Yangoon : mais qu’elles étaient donc ces drôles de jupes longues accrochées à toutes les hanches ? On a appris plus tard qu’il s’agissait du « longyi », le costume traditionnel, très prisé par les deux sexes. Il n’a pas cessé de nous surprendre tout au long du voyage : servant de contenant pour y cacher divers objets – clés, parapluie, téléphone portable – les birmans le dénouent régulièrement pour s’ « aérer » (drôle d’effet quand, en plein trek, on se lève au petit jour pour faire un tour dans la cabane au fond du jardin et qu’on croise des habitants du village toutes jupes ouvertes, décochant un grand sourire à notre passage comme si de rien n’était !), ou se le relève en short pour se libérer les jambes, lors d’un match de foot par exemple.

La jupe pour pêcher...
La jupe pour pêcher…
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…ou pour jouer au foot!

Les femmes girafes : Le rituel est encore pratiqué dans les tribus « padaung » en Birmanie et dans le nord de la Thaïlande. Les petites filles commencent à porter leurs premiers anneaux à 5-6 ans. Une fois arrivées à l’âge adulte elles peuvent donc se retrouver avec jusqu’à 25 anneaux autour du cou, soit un poids total pouvant atteindre 30 kilos. Beaucoup de légendes circulent sur l’origine de l’apparition de ce rituel (pour protéger les femmes des morsures de tigres dans les champs, pour marquer les femmes achetées aux tribus voisines, etc.) mais il semblerait plus vraisemblablement que le nombre de colliers soit un moyen de montrer la richesse des familles. Il faut tout de même savoir que ce rituel est assez controversé car les conséquences en sont désastreuses : affaissement de la cage thoracique, difficultés respiratoires, etc. Au bout d’un certain temps, sans les colliers, les femmes ne peuvent plus tenir leur tête normalement et mourraient si on leur retirait…

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La surabondance des tatouages : La Birmanie est le pays d’Asie dans lequel nous avons le plus souvent croisé des personnes tatouées. Sans grand rapport avec un quelconque esthétisme, nous avons appris au cours de notre voyage qu’il s’agissait en fait de talismans permettant de tenir hors de portée les mauvais esprits.

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L’animisme – croyance en l’existence d’esprits mystiques, bons comme mauvais – est en effet encore très ancrée dans le pays. Si vous vous y rendez, vous pourrez voir de nombreuses petites huttes sur votre chemin. Les birmans y déposent des offrandes tous les jours pour satisfaire l’appétit des esprits.

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Le bétel : On l’avait quittée en Inde, on l’a retrouvée en Birmanie ! Cette habitude tenace qui consiste à chiquer une feuille de bétel dans laquelle est écrasée en petits morceaux de la noix d’arac enduite de chaux.

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Les birmans en mâchent consciencieusement toute la journée, dès le plus jeune âge, et la crache en longs jets rouges parfaitement immondes, qui viennent colorer les trottoirs des villes et les dents des grands consommateurs. La substance procurerait un certain bien-être, mais servirait aussi de vermifuge et de coupe-faim. Mouais… On a testé, on n’a pas du tout aimé !

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Et tant pis pour les dents!

Le nombre de touristes français : La Birmanie fait cette année partie des destinations les plus recommandées par plusieurs acteurs du voyage, du LA Times au National Geographic. Et les français ne sont pas en reste ! Jamais en Asie, nous n’avons croisé autant de compatriotes sur notre route. On s’était habitué à pouvoir converser des sujets les plus tabous sans s’inquiéter que personne ne puisse comprendre nos discussions. En Birmanie, on a très vite dû revoir nos habitudes !

  • Budget :

35 euros par jour et par personne. En allant dans les hôtels les moins chers et en dinant dans les marchés de rue. La Birmanie est un pays très cher, surtout pour les petits budgets. Le prix des hôtels dénote en particulier : il est très difficile de trouver une chambre double pour moins de 30$ la nuit, et les notions de confort et de propreté y sont souvent très relatives. Les transports sont également relativement chers : comptez 40$ pour un ticket de bateau ou un bus de nuit. Seule la nourriture reste relativement abordable. Finalement, c’est le trek qui nous a coûté le moins cher : 50$ par personne pour trois jours, guide, nourriture et hébergements compris !

  • Si on devait résumer la Birmanie en un mot :

Charlotte : « Pagode ». Elles pullulent dans les rues, les villes et les campagnes. Même pas besoin de passer à Bagan pour comprendre pourquoi la Birmanie est surnommée « le pays aux mille pagodes » !

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Antoine : « Génial ! ». Pas besoin d’en rajouter plus. La Birmanie est sans conteste la destination que j’ai préférée en Asie. Courrez-y !

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Charlotte & Antoine.

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On n’est pas beau là?!