BILAN – Notre tour du monde en 8 leçons de vie

Puisque l’heure est aux sorties de classe, il est temps pour nous de faire le point sur notre année à l’école de la vie. Voici les 8 leçons que nous avons apprises au fil de nos visites dans les associations d’Asie et d’Amérique Latine.

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Leçon 1 : Les grandes œuvres commencent souvent par de petites initiatives.

Au Cambodge, avec Pour un Sourire d’Enfant.

En partant au Cambodge en 1995, Christian et Marie-France des Pallières – alors jeunes retraités – ne se doutaient pas que, plus qu’une mission humanitaire, ils entamaient le voyage d’une vie.

Sur la décharge de Stoeung Meanchey à Phnom Penh, le choc est rude : des enfants en haillons, à moitié morts de faim, retournant toute la journée des déchets dans l’espoir d’y dénicher quelques morceaux de plastique à revendre. Horrifiés, le couple de français y revient dès le lendemain avec une marmite de soupe.

20 ans plus tard, Pour un Sourire d’Enfant est l’une des associations les plus actives de l’ancien royaume khmer. Christian et Marie-France s’y sont depuis installés, et peuvent se targuer d’avoir déjà sauvé 11 000 ex-petits chiffonniers. Mieux encore : la décharge a fermé en 2009. Les monceaux de déchets ont aujourd’hui été recouverts par la végétation en une colline presque verdoyante.

Le jour où nous y avons mis les pieds et que nous nous sommes frayé un chemin entre les derniers tessons de verre, nous avons eu du mal à imaginer qu’il suffisait parfois de commencer par distribuer une soupe à des enfants affamés pour enclencher le processus qui permettrait d’en sauver des milliers.

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Leçon 2 : L’école est une chance.

En Inde, avec TAABAR :

L’Inde est un pays dont on ne sort jamais tout à fait indemne, et sans doute en serions nous repartis écoeurés à jamais, si notre chemin ne nous avait pas conduits à la rencontre d’un homme qui nous a ouvert les portes souterraines du pays.

Cet homme, c’est Ramesh Paliwal, le fondateur de l’association TAABAR – « enfant » en rhajasthani. Son objectif : venir en aide au maximum d’entre eux, dans la région de Jaïpur où il a implanté son activité. Enfants fugueurs, maltraités, abandonnés, orphelins ou tout simplement issus des castes défavorisées, peu importent leurs histoires ou leurs origines, pour Ramesh, ils ont tous le droit à la même chance. Celle d’aller à l’école.

Et c’est parce que les petites filles en sont généralement les plus exclues qu’il a fait construire, il y a deux ans, un établissement qui leur est entièrement réservé. L’école « Sneh ».

Dans un joli bâtiment posé comme par magie au milieu du désert, une poignée de petites écolières se forme aujourd’hui aux maths, à l’anglais ou encore à l’histoire. Parmi les nouvelles venues en jupe plissée et couettes savamment nouées, Kushboo, fronce des sourcils concentrés devant le tableau. Elle s’applique, nous dit-elle, car elle veut devenir policière. Pour faire régner la justice et forcer chaque parent à envoyer leurs petites filles à l’école.

On a acquiescé en silence. Avant de réaliser qu’avec cette école, Ramesh avait planté, sur les horizons arides de ces petites filles, les graines de l’espoir.

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Leçon 3 : Créer pour se sentir unique.

En Chine, avec Room13 :

En partant avec le projet de faire dessiner tous les enfants qui croiseraient notre route, nous n’imaginions pas que nous découvririons – au passage – le formidable potentiel de l’expression artistique.

Donnez trois feutres à des petits et, quelle que soit leur nationalité, vous verrez bientôt naître sous leurs coups de crayons appliqués, de véritables petits chefs d’œuvre. C’est, bien sûr, leur vision du monde qu’ils représentent ; et on en apprend parfois beaucoup plus en regardant un enfant dessiner plutôt qu’en essayant de discuter.

Mais, dès notre passage en Chine, à l’école Wen He – soutenue par l’association d’artistes Room13 – ce qui nous a le plus marqués, c’est la fierté que les petits artistes en herbe pouvaient tirer de leurs créations. Lorsque, se décollant de leurs feuilles, bouches pincées, têtes penchées, ils jaugeaient leur travail, presque étonnés d’avoir ainsi imaginé, à partir d’une page blanche, un petit monde de papier.

Ce que nous avons découvert cette année, c’est qu’à travers le dessin – et, par extension, n’importe quelle autre forme artistique – c’est toute l’histoire de la création qui se rejoue. Comment du rien, on invente le tout, et comment une petite œuvre d’art recèle l’essence même de l’originalité. Faire dessiner un enfant, c’est lui donner la chance de se sentir unique.

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Leçon 4 : Peu importe le Dieu auquel on croit, ce qui compte c’est d’avoir la foi.

Au Chili, avec la « Biblioteca Popular » de Fondacio :

S’il y a bien un dénominateur commun à toutes les associations que nous avons visitées durant notre voyage, c’est leur dimension spirituelle. Pourtant, c’est dans les dernières semaines de notre voyage que nous l’avons réalisé.

Fraîchement arrivés au Chili, nous avions rendez-vous chez Fondacio, une association catholique française qui œuvre pour la resocialisation des personnes défavorisées dans plus de 20 pays dans le monde. Dans ses locaux chiliens, une « biblioteca popular » a été aménagée. Le but : mettre des livres, mais aussi des oreilles attentives, à disposition des enfants les plus en difficulté.

C’est en voyant le crucifix accroché dans la pièce que nous avons eu le déclic : d’un bout à l’autre de la planète, nous avons visité des associations bouddhistes, hindouistes, musulmanes et catholiques. Et bien qu’elles soient d’obédiences différentes, toutes œuvraient dans le même sens : sauver des enfants.

Qu’elles s’adressent à Bouddha, Allah, Ganesh ou Jésus Christ, ce que nous avons vu cette année, ce sont des personnes accomplir de bonnes choses, en partie car elles étaient poussées par la foi. Ce que nous avons vu cette année, c’est que croire en quelque chose qui nous dépasse, nous invite nous-même à nous dépasser.Et comme cela n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, nous sommes donc revenus encore plus fervent croyants…en l’homme !

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Leçon 5 : La filiation n’a rien à voir avec le sang.

En Thaïlande, avec La Chaîne de l’Espoir :

En 2001, dans le Nord-Est de la Thaïlande – une région au nombre anormalement élevé d’orphelins et d’enfants abandonnés – La Chaîne de l’Espoir a fait construire une jolie bâtisse aux tuiles bleues : la « maison bleue ». Très vite, 40 petits rescapés y ont trouvé refuge, donnant alors aux murs laissés blancs, la couleur de la vie.

Jinda, ancienne infirmière, missionnée par l’association, n’a pas hésité à quitter son Bangkok natal pour en prendre la direction. Chaque mois, elle qui n’a jamais enfanté, y accueille de nouveaux petits qui l’appellent « maman ». Et ce jour de novembre 2014 où nous n’y arrivions pourtant pas en orphelins, Jinda n’a pas fait de différence. Au même titre que tous les petits pensionnaires, nous étions devenus ses enfants.

En Asie, la famille est celle que l’on se choisit ; c’est en Thaïlande que nous l’avons compris. Et puisque nous avons bien appris la leçon, nous l’avons mise en application. Sur le papier, nous sommes devenus leur parrain et marraine, mais, quand ils nous écrivent, c’est bien « grand frère » et « grande sœur » que Wanna et Ponnyawee nous appellent.

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Leçon 6 : Il n’y a de frontières que celles que l’on s’impose soi-même.

Au Brésil, avec Arca do Saber et le Centre Culturel :

En tournage à São Paulo dans l’association française Arca do Saber, nous avons rencontré l’une des figures les plus inspirantes de notre voyage. Vous l’avez peut-être deviné : il s’agit d’Assis. Jeune prêtre au bonnet rasta vissé sur la tête, ce capverdien d’origine s’est fait missionnaire dans l’objectif de suivre le précepte de Saint-Paul : devenir « citoyen du monde ».

Un enseignement qu’il essaye de transmettre aux enfants de la favela Vila Prudente, qu’il accueille dans son « centre culturel » chaque jour après l’école. Entre deux cours de guitares et une session de peinture, il les pousse à voir au-delà des barrières – psychologiques ou physiques – dans lesquelles ils ont été élevés. Et cela commence par sortir de la favela, ce quartier dont ils se pensent si honteusement à jamais estampillés.

À l’image de sa propre histoire – du Cap au Portugal, de la France au Brésil, de la banlieue du « 9-3 » au séminaire – Assis leur apprend qu’il n’y a de frontières que celles que l’on s’impose soi-même. Qu’on peut être à la fois prêtre et rasta, aimer Bob Marley et Jésus Christ, avoir le monde pour horizon et choisir de passer sa vie dans l’un des quartiers les plus dangereux du Brésil, être issu d’une favela et pourtant fier de ses origines.

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Leçon 7 : On devrait tous se faire adopter par un enfant.

En Bolivie et au Pérou, avec Nuestros Pequeños Hermanos :

 Dans neuf pays d’Amérique du Sud et Centrale, Nuestros Pequeños Hermanos (« Nos Petits Frères et Sœurs ») a ouvert des orphelinats un peu particuliers : les enfants qui y atterrissent ne sont pas destinés à être adoptés. Chaque nouvel arrivant est donc complètement intégré à la vie du centre comme à celle d’une famille. Nous y compris, puisque le jour de la fête des pères en Bolivie, à défaut d’avoir des papas de sang à disposition, c’est Antoine qui a été fêté ! Chez NPH, on n’adopte pas les enfants, ce sont les enfants qui nous adoptent.

Néanmoins, puisqu’il s’agit de recréer les liens d’un foyer, l’ONG a beaucoup misé sur les parrainages. Et si ce système est bien sûr en vigueur dans beaucoup d’autres associations, c’est chez NPH que sa force nous a frappés.

Que ce soit au Pérou ou en Bolivie, les enfants se sont à chaque fois précipités vers nous, albums photos ou souvenirs en main, pour nous parler de leur parrain ou de leur marraine du bout du monde. On a retrouvé dans leurs discours passionnés, le même émerveillement angoissé que celui qui se lit en hiver sur le visage des petits qui postent leurs lettres au Père Noël. Est-ce que, quelque part, très loin, un étranger bienveillant pense vraiment à moi ?

Parrainer un enfant, c’est investir pour la magie d’un lien qui unit, d’un bout à l’autre de la planète, deux inconnus. On est en tout cas revenus convaincus d’une chose : on devrait tous être le Père Noël de quelqu’un. On devrait tous se faire adopter par un enfant.

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Leçon 8 : La joie de vivre est souvent ce que l’on a de plus précieux à offrir.

Au Népal, avec Helpless Children Mother Center, au Népal

Au Népal, dans  la grande banlieue de Katmandou, nous avions rendez-vous chez Pemba pour trois jours de tournage. Dans son étroite maison montée sur 4 étages, cet ancien sherpa accueille, depuis plus de quinze ans, des enfants nés dans les montagnes, pour leur permettre de bénéficier d’une scolarité de qualité. Car aucun professeur ne gravit les Annapurnas pour faire cours, aussi nombreux soient les écoliers avides qui l’y attendent.

Le dernier soir, une surprise nous attendait. Sur le toit de la grande bâtisse craquelée par les répétitifs soubresauts de l’Himalaya, les enfants nous avaient préparé l’une des soirées les plus mémorables que nous ayons jamais passée. La capitale subissait alors une de ses récurrentes pannes d’électricité, mais l’obscurité ne les a pas empêchés de nous entraîner dans des danses endiablées, sur les airs de « Resham Phiriri » ou du « Gangnam Style ».

Ce soir là, nous avons réalisés, que quel que soit l’endroit d’où l’on vient, la joie de vivre est ce que l’on a de plus précieux à offrir.

Depuis, on cultive précieusement la nôtre!

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8 leçons et tout autant de raisons d’être revenus de ce long voyage…bougrement optimistes!

A bientôt pour de nouvelles aventures.

Charlotte & Antoine.


Si vous voulez vous faire adopter par un enfant de :

  • La Chaîne de l’Espoir, cliquez ici.
  • NPH, cliquez .
  • Pour un Sourire d’Enfant, ça se passe ici.

 

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