Depuis notre arrivée en Amérique du Sud, nous avons eu tendance à considérer que l’histoire du « nouveau monde » débutait au XVIe siècle, avec l’arrivée des colons. NOUS AVIONS TORT.
Notre passage en Bolivie puis au Pérou nous a montré combien la culture précolombienne est riche et passionnante. Avant l’arrivée des conquistadors, ces deux pays constituaient le cœur du grand empire inca. Très puissant, il s’étendait sur plus de 4 000 kilomètres, depuis le nord du Chili jusqu’au sud de la Colombie.
Aujourd’hui encore, l’influence inca est encore extrêmement présente sur le continent. La grande majorité des populations boliviennes et péruviennes est d’ailleurs encore amérindienne. Et si aujourd’hui, ils ne s’appellent plus Incas, mais « Quechuas » ou « Aymaras », ils sont toujours très fiers de leurs origines et perpétuent certaines traditions de l’empire inca ou d’autres civilisations précolombiennes.
Plus tôt dans notre tour du monde, nous avions adoré découvrir la grande muraille de Chine, les temples d’Angkor ou encore ceux de Bagan en Birmanie. Cette fois-ci, les archéologues en herbe que nous sommes, se sont passionnés pour ces civilisations précolombiennes. Nous avons parcouru les champs de ruines, les musées et surtout les guides pour remonter l’histoire de cette région du monde. Je vous livre, dans cet article, le fruit de nos TRÈS poussées recherches archéologiques :
Les Amérindiens seraient arrivés sur le continent américain il y a 40 000 ans.
Si les archéologues s’opposent sur leur origine, (pour les uns ils sont venus à pieds par la Sibérie, pour d’autres, ils viennent d’Indonésie en bateau), tout le monde s’accorde à dire que ces « nouveaux » arrivants s’installent au bord du lac Titicaca en 3000 av. JC. Dès lors, différentes civilisations se succèdent dans la région, rivalisant d’ingéniosité scientifique et de génie politique. Nous ne les avons pas toutes en tête, mais nous pouvons vous nommer les importants empires qui ont successivement régné sur le Pérou et la Bolivie.
L’ère Tiwanaku ( 2000 av JC – XIème siècle)
En 2000 av. JC, sur les bords du lac Titcaca naît l’empire Tiwanaku, l’un des plus vieux de la région. Un empire religieux qui voue un culte au dieu du soleil et pose les bases d’une nouvelle science : l’astronomie. Les prêtres tiwanakus, qui lisent les étoiles et prédisent les mouvements du soleil, impressionnent vite les tribus voisines et l’empire s’étendra jusqu’à l’Ouest de la Bolivie, au Sud du Pérou et au Nord du Chili.
L’ère Moche (IIe siècle – VIIe siècle) – à prononcer « motché » !
Bien plus tard, en l’an 100, la civilisation Moche voit le jour dans la région semi-désertique du nord du Pérou.
Les Moches inventent un système d’irrigation très ingénieux qui leur permet de cultiver maïs et pommes de terre sur une terre très aride avec très peu d’eau. Ils érigent d’immenses pyramides, entièrement décorées de fresques représentant leurs divinités dont la plus importante s’appelle le Ai-Apaec, « le décapiteur ». On vous laisse imaginer en quoi consistaient les rituels religieux…
Dans ces pyramides, les Archéologues ont retrouvé plusieurs tombes parmi lesquelles l’impressionnante tombe du seigneur de Sipan, que nous avons pu admirer à Chiclayo. Ce-dernier (nommé d’après le village le plus proche) fut enterré avec son fils, ses deux femmes et un garde (tous sacrifiés pour l’occasion) mais surtout avec plus de 1000 objets, parmi les plus fins de l’art Mochica.
L’ère Chimù (IXe siècle – 1470)
Au IXeme siècle, le nord du Pérou voit naître un nouvel empire, celui des Chimùs. Ils reprennent le système d’irrigation des Moches, le perfectionnent et transforment le littoral Péruvien, alors désertique, en potager géant. Les Chimùs érigent une immense capitale de sable « Chan Chan ». Derrière des remparts hauts de 13 mètres, elle accueille 80 000 personnes (au même moment, Paris ne compte que 50 000 habitants). Au XIIIe siècle, l’empire Chimù s’étend de plus en plus au sud du Pérou, jusqu’à rencontrer un autre empire encore plus puissant : l’empire Inca.
L’ère Inca (XIIIe siècle – 1532)
L’empire Inca naît au XIIIe siècle. Il s’inspire de l’ancien empire Tiwanaku et d’autres civilisations déjà existantes. Le peuple Inca, guerrier, soumet très vite ses voisins et étend son empire sur la Bolive, le Pérou une partie du Chili et de la Colombie.
À la différence des civilisations précédentes, l’empire inca unit son large territoire grâce à une langue commune, parlée par tous : le bien connu Quechua. Les Incas construisent également un système de routes, qui permet à l’empereur – lui aussi appelé Inca (qui signifie « chef » en quechua – bonjour la confusion !) – de régner sur tout son territoire depuis sa capitale Cuzco. Ces routes permettent de redistribuer les récoltes de chaque cité afin répartir au mieux les richesses de l’empire.
Les Incas organisent leur société en un système de classes, assez proches du système alors en vigueur en Europe. La population est divisée en trois ordres :
- Les chefs ou nobles qui dirigent la population et mènent les guerres. Ils se distinguent par la forme de leurs crânes plus allongés, volontairement déformés par les parents dès la naissance des enfants.
- Les paysans et artisans qui vivent à l’extérieur des cités. Ils cultivent les champs et confectionnent les vêtements, les bijoux, les armes et bâtissent les cités.
- Les prêtres qui organisent la vie religieuse des cités. Les prêtres imposent à tous le culte des forces de la nature. Les Incas adorent les montagnes, les lacs, les étoiles et surtout le soleil. Ils recouvrent les temples d’or afin de refléter ses rayons divins.
L’adoration des astres pousse les Incas à développer les savoirs astrologiques des Tiwanakus. Leur symbole – la croix andine – représente les mouvements du soleil, les solstices et, pour qui sait la lire, elle sert de calendrier, indique les récoltes et les fêtes religieuses. Ils inventent également les horloges solaires.
Les artisans Incas ont une maîtrise totale des métaux précieux et des tissus. Nos textiles européens n’avaient rien à envier à leurs créations en poils d’Alpaga.
Ils deviennent également des architectes d’exception. Leurs temples sont entièrement construits sans mortier, avec d’immenses pierres taillées minutieusement pour qu’elles s’encastrent parfaitement les unes aux autres. Etonnement, l’histoire n’en n’a retenu que le Machu Picchu. Construit en haut de la montagne dont il porte le nom, ce petit village assez modeste passe aujourd’hui pour la légendaire cité des Incas. En réalité, il n’a été habité qu’une vingtaine d’années avant que ses résidents ne l’abandonnent, alertés par l’arrivée imminente des sanguinaires conquistadors…qui ne le trouvèrent jamais! Rassurez-vous, nous n’en avons pas moins été émerveillés par la magie ancestrale qui règne sur le site.
Les paysans poussent leur agriculture à un niveau de rendement bien supérieur à celui de nos terres européennes. Des plateaux sont creusés dans les montagnes afin de tirer un profit maximum des pluies et de leurs systèmes d’irrigation. En parallèle, les ingénieurs construisent un centre de recherche agricole à Moray afin de mettre au point les meilleures semences.
Plus étonnant, les Incas trouvent le moyen de récupérer le sel de leurs montagnes. Aux Salines de Maras, ils imaginent un système complexe de 3 000 bassins creusés à flanc de montagne. Les bassins retiennent l’eau salée qui en surgit et la font s’évaporer au soleil. Ne reste plus que les cristaux blancs, qui leur serviront à stocker leur viande et leurs denrées périssables. Le système, très efficace, est aujourd’hui encore utilisé par les péruviens.
Au XIIIe siècle, les Incas inventent une médecine très performante ; ils ont par exemple la maîtrise de l’anesthésie (grâce au feuilles de coca) et de la trépanation. Et dire qu’à la même époque, nous anesthésions encore nos patients en les assommant !
Cependant toutes ces avancées technologiques ne leur seront d’aucun secours face aux Espagnols. En effet, les Incas ne connaissent pas les métaux résistants comme le fer ou le bronze. Ainsi, lorsque les conquistadors arrivent avec leurs armures et leurs fusils, ils ne disposent que d’arcs et de flèches pour se défendre.
On connaît la suite…
Antoine.