Lors de nos deux petites semaines au Népal, nous avons eu la chance d’assister à « Diwali » ou « Tihar », l’une des fêtes les plus importantes du monde indien. Elle est célébrée à partir du treizième jour de la lune décroissante en octobre, et dure cinq jours.
Cinq jours pendant lesquels les népalais rendent hommage à Laxmi, épouse de Vishnu et déesse de la richesse, mais aussi à Yama Raja, le dieu des enfers.
Selon la légende, pour déjouer une mort certaine, un roi, sur les conseils de son astrologue, emplit son palais de lampes à huile le jour de la vénération de Laxmi. La déesse ainsi comblée dissuada Yama Raja d’accueillir le condamné en son royaume, et le convainquit, au contraire, de lui accorder fortune et longévité. Depuis, les népalais fêtent les deux divinités pour célébrer la vie mais aussi la prospérité.
Nous étions encore en trek dans la vallée de Ghorepani au début des festivités. C’est seulement lors du troisième jour que nous sommes arrivés à Pokhara – deuxième plus grande ville du Népal – jour le plus important de Diwali puisqu’il est justement consacré à l’adoration de Laxmi.
A cette occasion les jeunes filles descendent dans les rues en habits traditionnels et se livrent à des spectacles de danses, des « deushi », souvent très réussis, suscitant l’admiration des passants.
Leurs virevoltes et leurs chants sont en fait des louanges envoyées à la déesse. En échange de cette aide précieuse, il est de coutume de faire un présent aux danseuses : des fruits, des habits, mais le plus souvent de l’argent.
En déambulant dans la ville, nous avons aussi vu fleurir sur le sol des maisons et des magasins, des « mandala », tous plus colorés les uns que les autres.
Pour leur donner forme, les népalais badigeonnent d’abord leurs parterres de boue, sur laquelle ils peuvent alors fixer de la farine de riz et des poudres de couleurs. Ils agrémentent ensuite leurs chefs-d’œuvre de fleurs fraîches, de fruits et de friandises, mais surtout de petites lampes à huile en terre cuite, les « diya », ayant pour vocation de chasser les mauvais esprits, à l’exemple du roi réchappé des enfers. C’est d’ailleurs pour cette raison que Diwali est aussi appelé « Fête des Lumières ».
Un long chemin part de chaque mandala, rejoignant le cœur des maisons, chaleureux symbole invitant la déesse Laxmi à y pénétrer, et avec elle, la richesse et la longévité.
En nous renseignant un peu, nous avons pu apprendre que les cinq jours du Festival sont chacun dédié à une célébration bien spéciale.
1er jour, « Kag Tihar », jour des corbeaux. Gardiens des enfers et messagers de la mort, ils sont honorés afin d’éloigner le malheur des habitations.
2ème jour « Kukur Tihar », jour des chiens. Gardiens de la maison et guides des âmes dans le royaume des morts, même les chiens errants sont à l’honneur : ils reçoivent sur le front le « tika » porte-bonheur, un collier de fleurs mais aussi un repas de roi.
Au passage, nous comprenons enfin pourquoi, ici, ils jouissent d’une telle liberté, vivant et déambulant en toute tranquillité dans les rues et les villages.
3ème jour, « Laxmi Puja », jour de la célébration de Laxmi. Le matin, les hindous célèbrent la vache, animal sacré, symbole de richesse. Les bêtes reçoivent le même traitement que les chiens la veille : tika, guirlande autour du cou et repas de fête.
Puis vient la cérémonie de Laxmi. Les jeunes filles dansent, les maisons s’illuminent d’une multitude de petites flammes et les mandalas viennent embellir le pas des portes.
Ce troisième jour est aussi le dernier de l’année du calendrier hindou « Vikram », utilisé dans certaines régions du Népal et dans le nord de l’Inde. Pour celles-là, le lendemain est celui de la nouvelle année hindoue, connue sous le nom d’« Annakut ».
4ème jour « Guru Puja ou Govardhan Puja », jour des bœufs ou célébration du Seigneur Krishna lorsqu’il souleva la colline de Govardhan pour sauver des millions de personnes et de vaches des inondations provoquées par Indra, dieu de la pluie.
5ème jour « Bhai Tika », remise du tika aux frères par les sœurs. Les frères se rendent chez leurs soeurs, où ils reçoivent des offrandes, mais aussi un tika, sensé les protéger de la mort.
Traditionnellement, le tika – de couleur rouge la plupart du temps – est créé à partir d’une poudre de curcuma séché, mélangée à du jus de citron vert. Il symbolise le troisième œil de Shiva – dieu suprême de la religion hindoue – et se positionne sur le front, à l’emplacement du sixième chakra dans lequel résident les facultés psychiques, soulignant ainsi la dimension spirituelle de celui qui le porte. Mais lors de cette célébration le tika se fait plus élaboré, à base de jaune, de vert, de rouge, de bleu et de blanc. L’heure de la remise du tika est annoncée la veille à la radio par l’astrologue royal, et le roi lui même reçoit le tika de la part de ses soeurs, après quoi trente coups de canons son tirés.
En échange, les frères apportent à leurs sœurs des cadeaux ou de l’argent.
En arrivant à notre hôtel le troisième jour de la fête, nous avons nous même reçu le tika qui, le jour de la célébration de Laxmi se compose d’un mélange de riz, de banane et de yaourt.
Puis, sur l’autel aménagé derrière la réception, nous avons été invités à adorer la déesse : d’abord déposer de la couleur et des pétales de fleurs sur le front de son portrait, puis faire brûler un encens avant de lui donner un peu d’argent.
Selon les croyances, ce soir là, au troisième coup de minuit, Laxmi, portée par sa chouette, descend sur terre et pénètre dans les maisons les plus accueillantes.
Assister à Dalawi nous à surtout permis de réaliser une fois de plus à quel point les népalais sont accueillants et désireux de partager leurs coutumes. Pemba nous l’avait d’ailleurs bien dit lors de notre visite au HCMC : au Népal, il y a une multitude de festivals dans l’année. Toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête, hindous, bouddhistes mais aussi touristes réunis.
Un peu plus, et on se convertirait presque !
En somme, une grosse dose d’ondes positives, que nous sommes allés digérer devant le coucher de soleil sur le lac Phewa Tal, lieu incontournable de la ville.
Charlotte.