Le bus enchaîne les tournants. Depuis plusieurs heures déjà, nous avons quitté l’autoroute pour une départementale tortueuse, à la limite de la piste. Par la fenêtre, les montagnes andines défilent. Entre deux cahots, Charlotte me lit la description du Routard :
« À 3 800 mètres d’altitude, c’est le plus haut lac navigable du monde. Il mesure plus de 8 000 km2 et plonge au plus profond jusqu’à 280 m. Une vraie mer perdue entre les montagnes !»
Encore un virage. Le lac laisse apparaître un reflet avant de disparaître derrière un sommet. Charlotte continue sa lecture.
«D’après la légende inca, le lac est magique. C’est dans son eau que seraient nés le fils et la fille du Dieu Soleil, les fondateurs de Cusco.»
Un lac légendaire… Depuis que nous sommes en Bolivie, nous n’entendons que son nom, le fameux Titicaca ! Dans les auberges, les voyageurs nous en parlent avec des trémolos dans la voix. Apparemment, c’est une expérience qui marque.
Nous descendons du bus à Copacabana. Un petit village touristique sans trop d’intérêt, si ce n’est celui de coloniser une rive du Titicaca. Nous jetons nos bagages dans hôtel pas trop cher et on court vers le port.
« Une vraie mer perdue entre les montagnes ». Le Routard ne ment pas, s’il n’y avait pas ces sommets gigantesques, on se croirait dans une station balnéaire méditerranéenne. Baraques à frites, vendeurs de beignets, mouettes et même pédalos à tête de canard, rien ne manque à l’appel. Mais notre souffle court nous rappelle que la vraie mer est presque 4 000 mètre plus bas. À cette altitude on a du mal à respirer.
Le lendemain matin, on embarque pour la « Isla de Sol », l’île du soleil. « Un bijou posé sur le lac » nous dit le Routard. Charlotte nous entraîne vers un chemin de randonnée qui traverse l’île.
4 heures à travers les cultures en plateaux et les vues magnifiques sur la cordillère des Andes. On ne croise personne, à peine quelques Aymaras, ces descendants des Incas. Quelques vestiges d’un temple aussi. C’est ici que la magie du lac s’exerce.
Nous avons à nouveau le souffle court, mais cette fois, on ne sait plus si c’est l’altitude, l’effort, ou ces paysages magnifiques qui nous coupent la respiration.
Antoine.